Corrosion et quartiers d’hiver

Le ponton du Quoile Yacht Club est très bien protégé, et le club très confortable et accueillant. Nous avons donc supporté sans difficulté un coup de vent, et discuté longuement avec les plaisanciers locaux : les conseils de « ceux qui savent » sont toujours utiles ! L’un d’entre eux a poussé la gentillesse jusqu’à nous emmener en voiture à la ville voisine, Downpatrick, où nous avons pu déjeuner au pub et visiter la (ou une des) tombe de Saint-Patrick. 

C’est donc en toute connaissance de cause que nous avons repris le chenal du Strangford Lough, à contre-courant, direction la sortie, vendredi 29 mai. La stratégie consistait à arriver juste à l’heure de la renverse sur la barre d’entrée du chenal tout en maximisant le temps pendant lequel nous pourrions profiter d’un courant vers le Nord pour atteindre notre destination, la marina de Bangor dans la baie de Belfast.

Compte-tenu des prévisions météo (cf post précédent : vent d’Ouest ou Nord-Ouest 4 à 5 occasionnellement 6 avec quelques averses…), cela ne devait poser aucun problème. Mais… si la sortie du Lough et les premiers miles vers le Nord se sont passés comme prévu, la suite a été plus sportive ! Des grains en série à un rythme soutenu, des augmentations de vent brutales, de l’orage et même de la grêle. Et entre deux grains, le calme presque plat. Pas moyen d’adapter la voilure. Bien sûr, la navigation a été plus longue que prévue et nous sommes entrés dans la baie de Belfast sans vent, dans une mer complètement hâchée et avec un courant contraire d’environ 3 nœuds ! Et pour finir, le vent d’est de nouveau brutalement levé au moment d’entrer dans la marina !

Bon, tout cela aurait pu être rapidement oublié… Mais cette navigation a aussi été l’occasion de mettre en évidence un gros problème sur notre guindeau (le système qui permet de remonter l’ancre). Un « bing, bang » rythmé par les vagues nous a conduit à l’avant du bateau et dans la baille à mouillage : le moteur du guindeau y était suspendu par ses câbles électriques au lieu d’être arrimé au pont du bateau et se balançait en heurtant les parois de la baille !

La boite d'engrenage du guindeau est totalement détruite

Un technicien, passé évaluer les dégâts samedi matin a terminé le démontage que Daniel avait bien initialisé : de l’eau de mer a trouvé le moyen de rester stagner entre le pont et la boîte d’engrenage qui permet la fixation du moteur, et l’hydrolyse a fait son effet… la boîte d’engrenage n’est plus que poussière.

La bonne nouvelle est que si cette panne devait se produire, c’est bien dans la banlieue de Belfast que nous avions le plus de facilité à la traiter, que le moteur lui-même ne semble pas touché, et que la tempête annoncée nous aurait de toutes façons arrêtés à Bangor au moins jusqu’à mercredi. La mauvaise nouvelle, c’est que le fabriquant, Lewmar n’est pas réputé pour sa bonne volonté ni pour sa rapidité à envoyer les pièces de rechange… Nous pourrions même devoir changer l’ensemble du système…

En attendant, nous suivons les sentiers côtiers (superbes) quand le taux d’humidité de l’air le permet, bien emmitouflés, et nous faisons largement appel au chauffage du bord le reste du temps. Nous sommes bien protégés dans la marina, nous y avons retrouvé les équipages de plusieurs bateaux qui cheminent comme nous vers l’Ecosse depuis la Cornouaille : nous attendons le force 9 ou 10 de pied ferme ! Et nous pourrons aussi visiter Belfast et la Chaussée des Géants…